Compte rendu de la visite technique de la chapelle de Kerzéan

 OBJET : Diagnostique de l’état sanitaire de la chapelle, et observations

Introduction :

La chapelle de Kerzean est datée du XVI ème siècle, elle a subit au cours des siècles de nombreuses modifications dont la disparition de son transept. Située à flanc de vallée, elle présente, un porche d’accès au couchant surmonté d’un clocher, et une issue latérale au Sud.

De simples ouvertures rectangulaires au Sud assurent l’éclairage intérieur, ainsi qu’un vitrail moderne au levant.

Ce type d’édifice religieux, présentait très certainement à son origine et comme pour de nombreux édifices de la sorte, des jointoiements, et enduits réalisés à base de chaux aérienne, et probablement des décors peints. Portes, lambris, boiseries et statuaires en bois de pays très certainement polychromes, clôturait cet espace de communion du peuple chrétien.

Les travaux d’entretien réalisés, il y a une cinquantaine d’année, bien que partant d’une bonne volonté de la part de la commune, ont malheureusement contribués à accélérer le vieillissement de la chapelle (pour partie). En effet l’usage intensif des mortiers de ciment à provoqué une modification de l’équilibre hydrique des murs, créant une accélération de la capillarité qui amène les pièces de bois à pourrir. L’étanchéité des murs s’opérant depuis longtemps maintenant, à donc accéléré la condensation, ainsi que l’altération des pierres de granit.

Le but de mon diagnostique sera donc dans un premier temps, d’énumérer ce qui à été vu et relevé, puis dans un second temps, tenter exhaustivement d’établir un phasage des travaux.

Charpente et Couverture

La charpente, est de toute apparence en bon état. Il à été constaté que celle-ci est récente (années 50 très probablement), elle est constituée d’une succession de fermettes distancées de 60 cm, en sapin du Nord. La charpente fait office de support du lambris, par une succession de tasseaux en sapin cloués à même les fermettes et faisant office de cintres.

La présence de pourriture sur les lames de lambris en contact avec le mur Ouest (clocher), est signe d’une saturation du mur en humidité, ainsi qu’un fort pourcentage de condensation à même les parois tout au long de l’année.

Il est fort possible que les pieds de ferme ou tout au moins les sablières présentent des signes de champignons, et ou de début de moisissures, étant donné l’étanchéité des parois. Un sondage en cours de travaux sera nécessaire.

La peinture glycérophtalique, apposée sur le lambris constitue la seconde étanchéité de l’intérieure, il sera nécessaire de procéder à un sablage fin du lambris, et envisager un revêtement microporeux à base de peintures naturelles ou badigeons qui s’effectuent sous phase aqueuse (respiration du support).

La couverture de bonne facture, à été refaite au même moment que la charpente, elle est constituée d’un revêtement en ardoise de montagne à pureaux décroissants posées au clou (ardoises des montagnes noires probablement pour le Nord et ardoise de Sizun pour le versant Sud, semble t’il).

La présence d’air marin, commence gentiment à avoir raison des têtes de clous qui s’oxydent et laisse descendre ici et là les ardoises. Les mouvements du bâtiment ont permis à certains crêtages situés sur les affaiteaux de fissurer, notamment à la jonction avec le clocher            .

La révision pour entretien, de l’ensemble de la couverture sera donc nécessaire très rapidement.

Façades extérieures

La façade Ouest (couchant), est constituée d’une maçonnerie à grand appareil en pierre de taille, posée à joints vifs, elle est rehaussée d’un clocheton abritant deux cloches.

Cette façade est revêtue d’une armoirie en saillie fortement usée, située au dessus de la moulure demi-ronde en saillie, qui délimite la partie clocher de la façade.

La façade est constituée de granits de qualités différentes. En effet le granit à grain fin, à très bien résisté à l’épreuve du temps, à contrario le granit à gros grains présente un parement en voie d’arénisation, que la présence des joints en ciment, ne fait qu’accentuer. Ces granits sont de type très poreux, et pompent une quantité importante d’eau au cours de nos hivers pluvieux, d’autre part l’usure du granit, à provoqué l’affouillement des glacis des clochetons, ce qui provoque des retenues d’eaux.

Les joints récents (50 ans ou plus environ), réalisés en saillie, provoquent de surcroît et à chaque lit de pierre, une retenue et accentue les infiltrations d’eau sous pluie battante.

Le piquage des jointoiements, sera à effectuer dans un premier temps. Il sera donc nécessaire de procéder à un traitement des surfaces pour reconstituer un durcissement des parements. Puis un jointoiement à la chaux, sera réalisé, selon la technique des joints à rubans.

La façade Sud

Elle est revêtue d’un mortier de ciment qui sera à piquer dans un premier temps. La réfection d’un jointoiement à la chaux beurré au nu des pierres, sera à effectuer dans un second temps.

La présence de contreforts remontés par accolement après disparition du transept, sont source d’infiltration d’eau dans les murs. Leur présence est elle nécessaire à l’équilibre du mur ? Au vu des fissures à leur jonction avec la façade, il est bon de s’interroger. Quoi qu’il en soit même avec un revêtement de chaux, les infiltrations d’eau s’effectueront quand-même.

La banquette constituée d’une pierre tombale, scellée dans le mur, restera aussi source d’infiltration d’eau.

La façade Est

C’est très certainement la façade la plus saine du bâtiment, c’est aussi la moins exposée. Elle présente un jointoiement à la chaux usée, qui sera aussi à refaire. Mais présente le type exact de jointoiement à effectuer sur le bâtiment.

La façade Nord est recouverte sur une hauteur de 80cm par la terre située en amont. Elle est aussi partiellement jointoyée au ciment, et présente des départs d’arcs noyés dans la maçonnerie, (sans doute faisant partie du transept autrefois, ou réemployé lors de la reconstruction de l’église).

La première phase consisterait à décaisser la terre, afin d’obtenir un passage de 1.30m au droit du mur. La terre pourrait être retenue par un contremur en pierre surmonté d’un talus arboré.

Un drainage en pied de mur décalé de 25 cm, permettrait de canaliser les eaux de ruissellement et de toiture afin de les évacuer vers un exutoire en partie basse du terrain.

Le piquage des joints et leur réfection avec un mortier de chaux constituerait la dernière phase des travaux sur cette façade.

Les murs intérieurs sont pour la plupart soit recouvert d’un enduit au ciment soit jointoyés au ciment, le dallage en granit est lui aussi jointoyé au ciment. La forte présence d’humidité est ici prégnante et est le signe de l’absence de respiration du bâtiment. Il est donc urgent d’assainir.

La première phase de travaux consisterait à piquer l’ensemble des joints et enduits au ciment afin de mettre les supports à nu. Ceci permettrait de faire sécher les murs dans un premier temps. La réalisation de ventilations percées en pied de mur des façades, permettrait aussi à la chapelle de se ventiler l’hiver lorsque tout est fermé.

Il est possible que des sels de chlorures solubles (salpêtre) puissent apparaître au cours du séchage, il sera alors nécessaire d’effectuer un enduit drainant en pied de mur.

La réalisation d’un sablage fin des encadrements en pierre de taille, du dallage, du mur ouest, et du lambris, serait à réaliser dans un second temps.

La restauration du dallage (recalage, etc..) serait à effectuer par la suite, suivi de la mise en œuvre des finitions, jointoiements, enduits, chaulage de la voûte, et des encadrements en pierre de taille.

Les abords semblent avoir été réalisés au même moment ou tout au moins à la même période que les anciens travaux de rénovation. La facture des murs est très raide, et fait plutôt penser à la délimitation d’une cour d’école que d’abords de chapelle.

Traditionnellement nos chapelles bretonnes, étaient souvent situées dans un écrin de verdure délimité par des murets de retenue de talus plantés de petits chênes, de houx et d’aubépine.

Il serait opportun de rétablir cette cohérence afin que la chapelle puisse retrouver son environnement en harmonie avec le lieu. L’accès actuel est bordé d’un vieux mur de retenue, dont le talus à été rasé. Muret existant, et bocage alentour sont suffisants pour imaginer comment rétablir les futurs abords.

Le chemin d’accès est marqué par un fort dénivelé qui entraine, sable et cailloux vers l’accès à la chapelle. La réalisation d’une contrepente et d’un décapage aux abords de l’accès Ouest, puis la mise en œuvre d’un chemin en 40/70 cylindrés et noyés dans un coulis de chaux, permettrait de stopper l’érosion du chemin, et constituerait un sol rustique et champêtre de bonne facture.

Phasage des travaux

Le bon sens doit tout d’abord nous guider vers une programmation de travaux étalée dans le temps. « Il est donc urgent de prendre son temps avant d’agir ».

La première tranche de travaux serait le piquage de l’ensemble des enduits et joints intérieurs suivi du sablage, et de la mise en œuvre des ventilations.

La seconde tranche serait le piquage des joints sur la façade Ouest et Sud, leur traitement et leur réfection.

La troisième tranche serait le terrassement côté Nord, et réalisation d’un contre-mur (stage Tiez Breiz) par exemple, suivi du piquage des joints sur façade Sud et Est, puis de la mise en œuvre des joints. Dans la foulée il faudrait réaliser le drainage.

La quatrième tranche serait la réalisation des joints et enduits, intérieurs soit à la suite des travaux susnommés soit en alternance.

La mise en œuvre des abords pourrait être réalisée en tout dernier.

Fait à Saint Urbain, pour Tiez Breiz, le 22 Juillet 2008 : Pierre Le Signor